L'arbre à cames
Trouver un bon arbre à cames est peut-être la chose la plus difficile.
Et pour ce qui est du choix, les Anglais ne sont pas avares. Devant le Cosworth A6 passe
partout, les 2 C FR (1300) et 3CFR (1600) de chez Piper, le R2 de chez WRA, le
Burton BECF 2 et autres Broadspeed ou Janspeed, plus d'un mécanicien peut rester
perplexe. Comme pour toute autre chose, le choix est dicté par l'usage que l'on veut
faire du moteur.
Pour la route un
possesseur de modèle non GT sera satisfait d'un arbre CT de série, celui l'ayant déjà
s'orientera vers un arbre intermédiaire appelé « half-race» ou rallye... les marques
ne manquent pas. Pour la course un des arbres cités plus haut fera l'affaire.
Avant le montage il est conseillé de monter des bagues neuves et surtout, dans tous les
cas,des poussoirs neufs (attention, il y a deux modèles).

Le non respect de cette précaution a pour
effet de détériorer les bouts de cames ce qui n'est pas très économique. Le flottement
longitudinal doit être minimum. La raison est qu'un écart en longueur correspond à un
décalage angulaire du distributeur et donc de l'allumage, sur un moteur de série, il
peut être de 2/10, ce qui détermine une imprécision de 1°1/2 donc une perte de
chevaux. La solution
est de faire une nouvelle plaquette plus épaisse, en métal fritté si possible.
Le montage de la chaine ne pose pas de problème. sur un moteur vraiment poussé, le mieux
est d'employer une chaîne double Burton. La plupart du temps le montage d'origine suffit
à condition que a dite chaîne ne soit ni trop usagée, ni trop neuve car le non rodage
ferait fripper les maillons.
Le calage peut être très simple si l'on se contente d'aligner les repères, et plus
compliqué si l'on cale l'arbre au comparateur et au rapporteur d'angle.
A ce sujet, on peut trouver un moyen très simple de calage parfait (par perçage) et de
toute façon, Cosworth vend un réglage degré par degré pour ceux qui manqueraient
d'imagination.!
A signaler que suivant le type d'arbre, mais particulièrement
pour un arbre de course, les soupapes peuvent toucher les pistons. La solution est
d'usiner le sommet des pistons, soit de poser des pistons Hepolite forgés.
La distance de sécurite soupape/piston est de 1,5 mm. On peut néanmoins descendre
jusqu'à 1 mm mais à condition d'avoir un très bon tendeur de chaîne et de ne jamais
faire de surrégime...
Enfin, dès que la levée est supérieure à 9,5 mm on peut s'attendre à ce que les
spires des ressorts de soupapes se touchent, (Voir le remède au chapitre
«culasse».) Pour terminer le montage du bloc, il reste à caler le distributeur
dont on vérifie le bon fonctionnement, ou que l'on change contre un allumeur de Lotus
twin-cam. Au départ, on se donnera une base de 8°.
Lubrification.
Si elle n'est pas en très bon état, la sagesse est d'utiliser une pompe à huile neuve.
Enfin, pour un moteur de course, le mieux est encore d'utiliser la pompe Ford à haute
pression, (60 lbs à chaud), ou la pompe Soulier au prix d'une pompe neuve
normale.
Avant de poser le carter, on peut prendre le soin d'y souder des morceaux de tôle pour
éviter le déjaugeage, mais en prenant soin de percer quelques trous pour que la
circulation se fasse quand même. Attention de ne pas gêner l'entrée de la tige de
jauge, ou pire : la rotation du vilebrequin ou la prise d'aspiration de l'huile.!
Pour les astucieux et fins mécaniciens, il est possible de transformer en carter sec
l'installation d'origine, en gardant la pompe et le carter en tôle d'origine. Il suffit
de souder en bas du moteur, en dessous de l'endroit normal, un petit réservoir qui
récupère l'huile qui resterait normalement au-dessus, et de fabriquer un couvercle de
pompe spécial pour faire arriver l'huile de ce réservoir à la pompe, à l'opposé de
l'endroit d'origine et par l'intermédiaire d'un tube flexible. Evidemment, il faut
boucher l'ancienne arrivée sinon la pression est nulle.
Le demi-moteur est complètement transformé. A part pour l'arbre a cames, toutes les
transformations servent à la fiabilité du moteur. Le temps est venu maintenant de lui
donner des chevaux.
La culasse.
Les culasses non GT sont plates et les GT possèdent une toute
petite chambre. Les soupapes Ford ont donc deux longueurs possibles. Mais attention, pour
les moteurs GT récents [dernière génération nda] toutes les culasses sont
plates. On peut les différencier par les Ø d'ADM et de toute façon, pour n'importe
quelle année, les culasses 940, 1100 et 1300 sont marquées 2733E, et les 1300 GT ou
Sport sont repérées 2737E (côté ADM, entre les lumières 1/2 et 3/4).
En cas de commande de pièces, et particulièrement pour les soupapes et les pistons, le
mieux est
encore de prendre une pièce usagée comme modèle car beaucoup de gens s'y perdent...
Avant de commencer le travail de la culasse, il est très important de veiller à ce qu'il
n'y ait pas de fissure entre deux sièges voisins. L'examen de la qualité doit d'ailleurs
être fait pour toute pièce devant être transformée. Cette précaution prise, on peut
commencer l'usinage. Mais il faut savoir que ce n'est pas parce que l'on « agrandit les
trous » qu'il y aura plus de puissance.
Sur certaines autres marques, l'effet produit est même inverse
à celui espéré.
Aussi sur un 940 ou un 1100 à petites soupapes, on se contentera de supprimer le cône d
entrée à l'ADM en tangentant à peu près au premier tiers de la longueur du conduit
et en agrandissant progressivement le Ø en meulant la partie supérieure
jusqu'au siège.
Ne pas avoir peur de faire une courbe au niveau A, dépassant la verticale du siège.
Sur le 1300 GT et le 1600, on supprime bien sûr le cône d'entrée mais on agrandit le Ø
dès cet
endroit, en exagérant le meulage à la partie supérieure et au niveau A. La partie
inférieure est à meuler plus légèrement.
A l'ECH, on supprime simplement la partie B pour les petits moteurs, et on agrandit comme
sur la figure pour les 1300 et 1600. Ensuite on polit grossièrement pour supprimer les
rayures et les vagues ou facettes que provoque la meule maniée par un débutant.
Personnellement, je ne suis pas convaincu de l'intérêt d'une superfinition-miroir. Mais
il y a déjà eu assez d'encre coulée là-dessus...
Avant de ranger la meule et le flexible, le dernier travail est d'aligner les trous de la
pipe d'ADM avec ceux de la culasse.
Idem pour l'ECH. En ce qui concerne
l'augmentation du taux de compression, la culasse étant complètement plate, il est
inutile d'en abaisser le niveau. Le seul moyen est celui-ci. Pour la compétition, pose
d'un piston forgé qui donne automatiquement 10,5/1 ; pour l'économie ou pour le sport, pose
d'un piston de la cylindrée directement inférieure.
Exemple :
piston 9/1 de1100 dans un moteur 1300 GT =10/1 ;
piston 9/1 de 1300 dans un 1600 = 10,5/1.
Ces pistons sont du modèle courant. Attention de ne pas mettre
un piston neuf au Ø d'origine dans un cylindre usagé, et de se rappeler qu'un piston
anglais demande le double de jeu d'un piston allemand.
Pour le montage de la culasse, on peut faire plusieurs remarques. Tout d'abord, il faut
absolument s'en tenir au chiffre indiqué par le vendeur de l'arbre à cames, en ce qui
concerne le jeu aux culbuteurs. Ensuite, il faut toujours utiliser une clé à 6 pans pour
le serrage des vis des culbuteurs qui sont très fragiles (vis autobloquantes,
blanches). Enfin, il ne faut jamais monter une culasse GT avec un joint
acier/plastique. Encore moins avec un moteur amélioré. Pour celui-ci, on doit employer
le joint acierlamiante, ou mieux : le joint Soulier en cuivre, qui va sur tous les moteurs
Ford puisqu'ils ont le même alésage.
Admission.
Le possesseur du 1100 peut très bien utiliser le Weber 32 DFE (trous carrés)
et sa pipe, provenant du 1300 GT. Malheureusement ce carbu n'a pas beaucoup de
possibilités de réglage. Le mieux est de prendre un 28/36 très répandu (Cortina
1500 GT, Fiat, etc.) et qui se monte sur la même pipe. Pour la course, a solution
courante est le Weber 40, les 45, ou même les 50 si vous vous appelez Roger Clark. On les
monte sur une pipe en alu avec des joints toriques, et on se donne les bases suivantes :
Weber |
1300 |
1600
(2 x DCOE - 40) |
Diffuseur
Gicleur
Air
em. |
30
105
165
F.11 |
33
130
190
F.16 |
Naturellement un fignolage est à faire suivant le stade de
transformation et il n'y a pas de recette miracle.
A signaler que les Anglais s'intéressent en ce moment aux Dellorto 40 et 45 qui
ressemblent
aux Weber comme des frères. Même des constructeurs commencent à les employer en
série comme par exemple Lotus pour leur Jensen Healey et leur Lotus Europa, Il paraît
qu'ils
sont meilleurs à bas et moyen régime, mais cela reste à vérifier.
Echappement
Les Ford sont particulièrement sensibles au dessin du collecteur. On peut obtenir un gain
considérable en montant un 4/1. Il en existe des dizaines de modèles rnaiheureusement
qui butent sur le servo-frein car n'oublions pas que les Anglais ont la conduite à
droite. Soulier utilise une pipe Piper spéciale pour la conduite à gauche qui présente
le désavantage d'être un peu plus tort torturée que les belles pipes anglaises. Pour la
course, Ia meileure sortie est constituée d'un tube coudé dont l'extrémité arrive sous
la porte du conducteur.
Ainsi, ceux qui aiment le bruit d'un 1300 à 8000 tours peuvent se griser un peu plus en
baissant la vitre...
Voilà le moteur revu de la tête aux pieds. Finalement, pour un moteur maxi préparé, il
ne reste plus que le bloc qui soit d'origine. Mais les prix ?
Eh bien, il ne faut pas croire ce que l'on dit ; car lorsqu'on
sait par exemple qu'une pipe d'ADM pour 2 Weber coûte un peu plus de 200 F HT. L'arbre à
cames course également,, on voit qu'on est loin du prix de revient d'un BDA...
De toute façon, l'éventail des transformations est vaste et
l'on peut choisir en commençant par la culasse et les ressorts, ensuite l'arbre à cames,
sans oublier l'équilibrage général.
Encore plus loin.
Mais comme on connaît les Anglais, il ne faut pas croire que l'on va s'arrêter là et
bien sûr on peut encore trouver quelques « petits chevaux » supplémentaires.
Dans l'ordre :
La big bore conversion.
En bon français, la « conversion gros trou ». On se rappelle que tous les Ford font 81
d'alésage.
Mais comme ils sont très épais au niveau des fûts de cylindres, on peut aléser
jusqu'à
85 mm. C'est là qu'intervient le piston Hepolite U 85, la plus belle invention des
Anglais
après la mini Cooper. !
La cylindrée passe alors à 1760 cc
(les mains penseront à juste titre qu'on peut l'utiliser aussi dans le1300). Le
seul risque est que l'on atteigne une couche de fonte poreuse, ce qui n'est pas dramatique
car on pose alors des chemises sèches ultra-fines qui sont en fonte spéciale dont le
coef. de frottement est meilleur que celui du bloc. Et les petits malins de penser que les
pistons glissant plus facilement, le moteur gagne encore des chevaux !
Un 1760 bien transformé peut atteindre 165 Cv, bien étalés, et très intéressants
partout où les reprises comptent plus que la puissance maxi.
Le 1760 à ADM verticale.
Toujours plus loin, on peut encore faire la même conversion en utilisant cette fois le
piston Ø 85 à fond plat, qui servait à passer la Cortina 1500GT en 1650, « quand on
était jeune ». Pour cela, on prend un moteur emiellé de 1600 normal, mais avec une
culasse de Cortina 1500 GT (exclusivement) dont on a bouché les entrées
d'ADM, les nouvelles étant usinées verticalement. Les conduits deviennent ainsi très
directs et presque droits. A signaler que cette culasse va de toute façon sur tous les
modèles (pas besoin de1760) à condition de diminuer la hauteur du bloc et de la
culasse (5,5 mm pour le1600). Il faut bien sûr prendre des tiges de culbuteurs
courtes, celles du 1500 GT de série faisant l'affaire.
L'arbre à cames idéal pour une telle mécanique est le Cosworth A 6.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est exactenient ce type de culasse qu'utilise
Broadspeed sur ses merveilleuses Escort 1300 GT qui affichent 165 vrais cv, avec
l'injection il est vrai. Il est d'ailleurs un des seuls à faire une telle transformation.
L'injection.
Le mieux est d'utiliser, comme Broadspeed, le système Tecalemit anglais qui est très
facile à régler et s'adapte directement sur le Ford (Tecalemit Ltd, Plymouth,
Devon).
Les compresseurs.
Le compresseur convient particulièrement aux Ford. En France, Constantin commercialise ce
genre d'appareils et en Angleterre, Allard, le roi du dragster, vend des kits prêts à
monter.
Mais le plus intéressant semble être le turbocompresseur qui est entraîné par une
turbine, elle-même actionnée par les gaz d'ECH.
Comme chacun le sait, je suis personnellement convaincu que c'est la formule de l'avenir,
même pour la route, et pour plusieurs raisons :
1°) beaucoup de camions grands routiers utilisent ce procédé
depuis longtemps ; il serait bien étonnant que lesvoitures ne suivent pas.
2°) plusieurs constructeurs automobiles s'y intéressent actuellement.
3°) moindre émission de gaz nocifs : Ford-Amérique vient de passer brillamment les
tests les plus sévères pour 1975 avec une Pinto 21 équipée d'un turbo.
4°) les préparateurs commencent à maitriser le problème et bien entendu, la solution
risque de faire tache d'huile.
5°) si les limitations de vitesse continuent, nous allons assister à une prolifération
de «dragsters », et le turbo est la solution la plus rapide pour donner des chevaux.
David Wood parvient, lui, à 250 CV à 7000 tr pour un Ford BDA de 130 CV au départ. Avis
aux amateurs...
Pour en revenir aux Ford, on peut donc choisir un turbo chez un
préparateur spécialisé comme David Wood ou Piper qui importe un modèle américain.
Signalons que Ford Amérique et Wood ont choisi la solution de l'appareil en amont (le
turbo "souffle" dans le ou les carbus d'origine alors que pour Piper, le turbo
est en aval et « aspire » à travers le carbu.)
Les prix peuvent démarrer à 1000F environ pour l'appareil seul en Angleterre, et
jusqu'à 3 000 F pour le kit complet.
Bien sûr, il est néanmoins prudent de faire les quelques modifications vues
précédemment dans le sens de la fiabilité : équilibrage et polissage, changement de la
rampe de culbuteurs. Car turbo ou pas, les faiblesses restent et le premier incident sera
la casse de la distribution. En plus, il faut absolument baisser le taux de compression.
Si l'on profite de l'ouverture du moteur pour changer les
pistons le mieux est de prendre ceux de la cylindrée supérieure (voir paragraphe
culasses, en faisant l'inverse).
Exemples :
un piston 9/1 de 1600 dans un moteur 1300 CT donne 7,5 de compression
un piston 9/1 de 1300 donne 7/1 dans un 1100.
Le problème se posé donc pour le 1600 où l'on est obligé d'employer la deuxième
solution : en gardant les vieux pistons, on usine la cavité de la tête en forme de bol;
sachant que 0,5 mm en plus au Ø donnera une unité de moins en compression. Le meilleur
arbre à cames pour un tel moteur est du modèle1/2 course ou rallye.
Pour les perplexes, il n'y a qu'à regarder les Scania, Volvo, et autres bons vieux
Berliet qui font tranquillement leurs 300 000 km sans problèmes ainsi équipés.
C'est vexant...
En attendant, pour ceux qui n'ont ni le temps ni les moyens
d'effectuer une véritable préparation, il y a toujours la solution d'acheter une Escort
pas chère et d'y mettre une mécanique de Cortina1600 E ou de Mexico. Car M. Ford a
surement joué au Meccano lorsqu'il était petit, et il a trouvé la méthode
intéressante : tous les moteurs se montent sur toutes les boites et dans toutes les
coques. Attention cependant au 1600 E de la Cortina qui fait1598 cc, par rapport au Mexico
de l'Escort qui fait1601cc et qui est donc en classe 21. [ancienne réglementation
ndlr]
On peut même mettre un moteur-boîte 2litres, arbre à cames en tête, de Consul dans une
coque 1300. L'expérience a été faite ici, un an avant la sortie du modèle officiel,
Les seuls problèmes sont de raccorder la boîte au pont AR., et de trouver une pipe
d'admission qui ne fasse pas arriver les Weber dans le servo-frein. Dans ce cas, contacter
Janspeed qui est le seul à en faire une.
Enfin, avec la sortie de la nouvelle RS 2000, on va surement trouver un bon arbre à cames
de course pour ce moteur ce qui n'était pas le cas jusqu'ici. De toute façon, avec le
sort du pétrole...
Ah ! Un bon BDA,16 soupapes à vapeur !
A. Sardaillon
NdlR. Toutes les références Ford ne concer-
nent que des pièces distribuées par Ford AVO
GB, 20/525 South Ock ndon, Essex RM 15 1BR,
Angleterre. Pour toute information complé-
mentaire ; A. Sardaillon, Soulier Moteurs, 20,
rue Clovis, Metz 57000. Tél, : (87) 68-53-23.
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